99,1% de réussite au bac depuis l’année scolaire 2010-2011. Seule
l’année 2012-2013 fit exception aux 100% de réussite avec une
« déception » de 91%.
Nous parlons de la Terminale C du GSFA (École
Fundi Abdulhamid). Super. Mais ce n’est pas ça qui m’a fait ruminer de
plaisir avant hier. M. Ali Mze Ahmed, Directeur du GSFA, une des
personnalités comoriennes que j’admire comme modèles de dévouement et
compétence pour la construction du pays, m’a envoyé des données sur
l’école, pour une enquête que HaYba mène sur le statut fiscal de
l’enseignement privé.
On y trouve la feuille dont la copie publiée
ci-dessous, retiendra certainement l’attention de nombreux Amis de
HaYba. Comme c’est souvent le cas, l’évidence qui saute aux yeux ne
devient évidente qu’après le temps que met notre cerveau à se secouer de
ses préjugés et de son conformisme pour la voir comme evidence. J’ai
mis 5 mn à faire le va et vient sur la terrasse, les yeux cloués sur la
feuille, à me dire qu’il y avait plus dans ce papier qui me titillait
que les 99% de réussite.
Gamin quand j’étais un peu agité, Mdzadza
Mhamadi, me disait, enda wafanye zisabu (Va compter…). J’allais à
notre boulangerie compter les pains et les croissants, je comptais les
cheveux blancs précoces de ma tante, le nombre d’animaux ou de personnes
sur une image d’un livre, les mangues murissant d’un manguier ; ça me
calmait. Parfois j’arrivais de moi-même à des conclusions. Par exemple
que les mangues mûrissaient plus vite du côté le plus exposé au soleil.
Que des pains invendus de la journée, la plupart étaient pâles. Je
n’avais pas encore appris la règle de trois.
Bref je suis allé à la machine à calculer du téléphone.
Mais bien sûr, une majorité de filles ! 61 % des élèves de cette
Terminale C qui réussit à quasiment 100% au bac, sont des filles. Labeka
? Oui. C’est pour la période allant de l’année scolaire 2010-2011 à
l’année 2018-2019. Le pourcentage de 55% de filles, est moins féminisé
si on inclut les 3 années de la décennie précédente à partir de l’année
scolaire 2007-2008 où débutent les données.
Et là apparaissent des
interrogations que pédagogues, sociologues, enseignants, conseillers
scolaires, décideurs politiques et organisations professionnelles, dans
un pays priorisant l’éducation, s’attelleraient à répondre : comment,
pourquoi ?
Pendant les 3 premières années, les garçons représentaient 65% de l’effectif.
Il y a eu un changement à partir de 2010, qui n’a fait que s’amplifier avec une exception en 2011-2012.
Les filles qui comptaient pour 35% sont à 61 %. Un basculement complet.
Comment expliquer ça ?
Il est probable que des Amis de Hayba familiers de l’éducation
hausseront les épaules en nous écrivant « vous êtes en retard, ce n’est
pas étonnant, Directeur de mes deux, tu t’étonnes que les nanas soient
plus calées en maths que les mecs ? Pfff ! »
A l’école j’ai connu
des filles premières de la classe. J’ai recruté, travaillé avec des
femmes qui étaient les meilleurs ingénieurs, les meilleurs économistes
de la société ou du service. Ici, c’est autre chose. Un effectif de 61%
de filles contre 39% de garçons sur une période de 10 ans dans une
classe Terminale de maths d’un bon lycée mixte, oui je m’en étonne. A
53% contre 47% je ne m’interrogerais pas beaucoup. J’ai des très bonnes
matheuses dans la famille dont une dont je veux un jour compter le
nombre de sauts dans un mach de basket, sa vraie passion.
Bon vous
qui pensez que 61% de filles dans la classe de Terminale la plus
performante du pays ne vaut même pas un commentaire dans Snapchat, que
direz vous de réfléchir pour faciliter une bonne contribution de ces
enfants à la construction de ce pays, en réduisant les embûches à leur
intégration et responsabilisation professionnelle ? Si nous sommes
d’accord que les jeunes filles sont au moins aussi intelligentes que
les garçons, quel pourcentage de responsables techniques femmes
compétentes et pas seulement « parentes ou amies de ou originaires de »
prévoit -on d’avoir dans 10 ans ? Combien en compte-t-on aujourd’hui
dans les différentes secteurs professionnels de l’état et du privé ?
Ce qui urge est toujours de changer de Président de la république et
on discutera de ce genre de question après n’est ce pas ? Et si on se
préoccupait sérieusement ce genre de questions pour les confronter aux
responsables actuels et à venir pour mesurer leur engagement et préparer
le changement de société.