Ahmed Abdallah Sambi entame sa huitième année de détention : un tournant politique pour les Comores
Le 18 mai 2025 marque une date symbolique pour l’Union des Comores : Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, ancien président de la République (2006-2011), a entamé sa huitième année de détention. Une situation inédite dans l’histoire politique du pays, qui continue de susciter de vives réactions, tant sur le plan national qu’international.
Arrêté en mai 2018, Ahmed Abdallah Sambi est resté en détention préventive pendant plus de quatre ans, avant d’être condamné en novembre 2022 à la réclusion criminelle à perpétuité pour haute trahison, dans le cadre du programme controversé de « citoyenneté économique ». Selon l’accusation, ce programme, lancé durant son mandat, aurait permis la vente de passeports comoriens à des ressortissants étrangers, notamment du Golfe, en échange de fonds détournés.
Ses avocats et ses partisans dénoncent un procès expéditif et politique. Ils rappellent que Sambi avait été initialement inculpé pour corruption, détournement de fonds publics et faux en écriture, mais que l’accusation de haute trahison n’a été introduite qu’à la veille de son procès. De nombreuses ONG internationales, dont Amnesty International, ont exprimé leur inquiétude quant aux conditions de sa détention et au respect de ses droits fondamentaux.
Du côté du gouvernement comorien, la position est restée inchangée : les autorités défendent la légalité de la procédure judiciaire et soulignent la nécessité de faire respecter la justice, quel que soit le statut de l’accusé. Toutefois, cette fermeté est perçue par les détracteurs du régime comme une stratégie pour neutraliser un adversaire politique de poids.
À l’approche des échéances électorales, plusieurs personnalités de l’opposition ont relancé les appels à la libération de Sambi, réclamant la mise en place d’une commission indépendante pour réexaminer son procès. À l’international, certains pays, notamment en Afrique de l’Est et dans le monde arabe, suivent de près l’évolution du dossier, qui pourrait avoir des répercussions diplomatiques.
Huit ans après son arrestation, Ahmed Abdallah Sambi reste une figure clivant mais centrale de la vie politique comorienne. Pour ses partisans, il incarne l’alternance démocratique et un espoir de réforme ; pour ses adversaires, son retour éventuel sur la scène politique représente une menace pour la stabilité actuelle.
Sa détention prolongée alimente un débat plus large sur l’état de droit, la séparation des pouvoirs et l’avenir démocratique des Comores. Alors que le pays cherche à renforcer ses institutions, le sort de l’ancien président demeure un test de crédibilité pour le système judiciaire et politique comorien.
Aladine Aboubacar
HaYba Jumla Digital African Voice From Moroni
