KIKI agresseur ou sur la défensive ?

KIKI agresseur ou sur la défensive ?


Dimanche 19 janvier, le refrain le plus populaire a été « KiKi responsable des tripatouillages, fauteur de bordel ». Dans ces élections législatives familiales, le ministre de l’intérieur est apparu à travers les propos de candidats et militants des deux autres partis de la mouvance, comme l’ambitieux sans foi, prêt à tout, quitte à tricher et écraser ses alliés.
A HaYba, nous nous sommes interrogés si c’est aussi simple.
Le Ministre de l’intérieur Mohamed Daoud dit KiKI, n’est en rien un démocrate au coeur tendre. En analysant son parcours et ses faits, depuis qu’il est visible sur la scène politique, on retient que pour lui, la fin justifie les moyens. Et que pour arriver au pouvoir demander d’oser casser l’adversaire, si nécessaire le traiter en ennemi et l’éliminer de la scène par tous les moyens et stratagèmes possibles. En ce sens, il est un parfait compagnon philosophique du Président Azali.
Ce qui interroge pourtant, est que Kiki, puisse se permettre de faire autant cavalier seul, alors qu’il sait que seul le président a le réel pouvoir. En revisitant le parcours de Kiki, on constate qu’il est un réaliste et…étonnamment fidèle aux leaders qu’il s’est choisi pour arriver un jour à être comme eux. Dans la configuration actuelle, il faudrait être fou, pour se mettre effectivement à dos, par des provocations grossières, les barons et princes de la CRC, très incertains de leur lendemain. Malgré le développement et la richesse intermédiaire que nous sommes supposer posséder, les places de ministre et de Directeur général et de Conseiller, sont limités. Ni Houmed Msaidie, ni Kiki ne pèsent aujourd’hui face à Azali, au point de croire pouvoir jouir d’un quelconque rapport de force et se faire respecter s’il y a affrontement ouvert.
Par contre au sein de la CRC, où chacun se demande ce que l’après élections lui réserve, se débarrasser d’alliés pour accroître les probabilités d’avoir une place, est pour certain plus qu’une sunna. Dans un mois, les institutions seront en place, la CRC étant hégémonique à l’assemblée, pourquoi s’embarrasser de cet éléphant et ce tigre encombrants. Alors que l’opposition apparaît terrassée ?
En interrogeant des militants et responsables des figures de la Mouvance présidentielle et de responsables administratifs et institutionnels impliqués dans la tenue des élections du dimanche, on se rend compte que pour Moroni, au moins mais c’est aussi le cas ailleurs, KIKI a été sur la défensive. Pour Moroni le changement de membres de bureau de vote par le ministre de l’intérieur et ses amis, est une réaction de survie , ayant constaté le soir qu’il y avait eu à son insu d’autres noms que ceux initialement choisis par la CENI. Difficile de savoir si les changements avaient été conçus avec la compréhension ou des complicités à la CENI.
Si à Tsidje, domicile du Ministre, il est avéré que ses proches avaient des cartes vierges de membres de bureau et des cartes de vote, les membres non agréés par la CENI qui officiaient à Bahani et Wella ya Itsandraa n’étaient pas d’Orange. Même scénario dans beaucoup d’autres bureaux de vote de l’île. Ce n’est certainement pas des gars d’Orange qui ont bourré des urnes dans le Nyumakele et qui ont causé l’abandon de l’ancien premier ministre Ibrahim Halidi. Orange ne fait pas le poids là bas .
Kiki était resté fidèle à Taki et Sambi et a évité un affrontement avec Ikililou qui ne le portait pas dans son coeur. C’est un réaliste avons nous dit. Il connait ses limites. Même avec Mouigni Baraka qu’il a créé et imposé politiquement, quand l’ ancien gouverneur s’est assumé pleinement leader politique, Kiki, profondément blessé et rétif à toute réconciliation, se gardait de quoi que ce soit qui pouvait justifier de la part de Mouigni Baraka et de Ikililou des mesures punitives qui l’auraient affaibli durablement.
Alors affronter Azali ? Difficile à croire. Ce serait suicidaire dans le contexte actuel.
Il est clair que pour le Président les amis le sont tant qu’ils servent à quelque chose politiquement. Il ne partage pas de pouvoir. Il les attribue pour autant que cela serve son dessein. Il n’est ni le premier, ni le dernier autocrate. Même dans des grandes démocraties on n’en voit. Juge t-il déjà que Kiki a fait son temps de ministre chargé des sales manoeuvres, là où aucun de ses proches de la CRC n’a montré l’enthousiasme et la pugnacité de Kiki pour concasser de l’adversaire ?
Lui seul le sait. Mais pour les barons, si Kiki (et Msaidie) pouvait être poussé dans une opposition qui pourrait même ne pas disposer de parti légal, suivant l’interprétation des textes liberticides sur les partis politiques, initiés par des mandatures précédentes, au moins un poste ministériel serait libre. Et de la CRC à l’extrême opposition, le choeur chanterait : « havunu izo ya wala » ( Il a récolté ce qu’il a semé).
En 2020, Dans nos îles, la politique c’est principalement ça.

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