
La mouvance a officialisé que l’unique fil qui unit ses partis,
groupuscules et les ambitions personnelles des « indépendants » qui la
composent, est l’espoir d’être gratifié de quelques privilèges par M.
Azali. Le président et ses proches parlaient un temps d’un candidat de
la mouvance par circonscription. Il n’en est rien. Même des directeurs
de société d’état et de hauts fonctionnaires nommés par le régime se
présentent en « indépendants » ! Qui imaginera qu’ils puissent se
présenter sans le laisser-faire si ce n’est le bon vouloir ou même les
instructions du chef de l’état ?
Qui gagne à ce jeu ?
Remarquons qu’à part Chabhane, le bien nommé Ba-guiri, aucune
personnalité politique de la mouvance disposant d’un électorat n’est
candidat.
M. Azali qui a fait plusieurs fois l’expérience de
résistances, de contestations même, de la part de compagnons, a-t-il
décidé d’affaiblir sinon de priver d’influence ses vieux amis politiques
pour faire émerger une nouvelle génération qui lui devra tout ?
Pourtant 2 princes semblent résister : MM. Houmed Msaidie et Mohamed
Daoud Kiki, respectivement ministre de l’économie et ministre de
l’intérieur.
Ils ne sont pas candidats mais les partis dont ils sont
les leaders incontestés sont crédités chacun de 7 candidats plutôt
sérieux. Tolérance, générosité où réalisme froid du chef de l’etat, la
CRC n’étant pas jugée assez forte pour se passer des troupes des deux
fauves politiques ?
MM. Msaidie et Daoud sont les deux seules têtes
politiques visibles dans la nuit gouvernementale. Ils sont
génétiquement rivaux. On attend l’Imam qui viendra nous démontrer
qu’Allah ne l’a pas voulu ainsi. De par leurs ambitions personnelles,
leur style de leadership, leurs profils, leur manière d’occuper le
terrain, ils ne peuvent co-exister durablement. Sans un chef plus
puissant au-dessus d’eux, leur affrontement pour le leadership, est
aussi naturel que celui de JACM et ELAN, ou de Bonbon Ndjema et Volcan.
. M. Mze Abou Soule Elbak, ancien, député, ancien gouverneur, n’a pas
obtenu le soutien qu’il a demandé publiquement pour sa campagne de
député maire de la capitale. A tort ou à raison, Kiki et Msaidie ne le
considèrent pas comme un obstacle sérieux. D’autant que tout est fait
pour que M. El bak, ne reçoive pas de soutien financier de ses anciens
amis des pays du Golfe. En l’absence d’un leader charismatique à
Moroni, et, le parti Juwa qui depuis une décennie est la première
force dans les urnes de la capitale, étant neutralisé, Orange et Radhi
de disputent la seigneurie de la plus grande agglomération de l’Union
des Comores.
Le Président Azali y a contribué à faire de Moroni, un
champ de bataille ouvert, en refusant de cautionner des candidatures,
proposées par de grands notables de Moroni.
Des lieutenants de
Msaidie à Moroni avaient cru à un accord de soutien mutuel entre Orange
et Radhi à Moroni et se préparaient a soutenir M. Djoumoi Idjabou
Mroivili désigné par Kiki pour Moroni sud et en retour, être appuyé par
Orange au nord dans la campagne de M. Mohamed Ahamada, Secrétaire
Général du ministère des affaires étrangères, leur candidat.
Mais M.
Daoud est un de ces hommes politiques qui se méfient de ceux qui ne
l’ont pas prouvé leur fidélité et n’oublient pas les trahisons. Ils
aiment d’abord compter les leurs avant de nouer des alliances et faire
des compromis. Il a investi candidat , M. Kassim Ibrahim, qui jouit
d’une réelle sympathie auprès des jeunes de Magudjuu ya Djuu, bien que
M. Ahamada, dont la notoriété intellectuelle et coutumière dans les
vieux quartiers du nord, hors Médina, peut se targuer d’une longueur
d’avance.
D’anciens compagnons de M. Kiki de la Médina ne cachent
pas leur mécontentement. Kiki fait valoir qu’il n’a cessé de donner à
ses amis de la Médina, dont il est issu côté père : postes ministériels,
présidence du conseil de l’île, directions variées et secrétariats
généraux de ministère. Or , candidat aux présidentielles de 2016, il a
perdu aux 2 bureaux de Badjanani. Il fait le choix d’un candidat issu de
ses quartiers bastions.
Côté Radhi, il y a eu aussi résistance à
des propositions internes pour un candidat de la Médina. En M. Mohamed
Ahamada, le Radhi espère comptabiliser son réseau familial qui s’étend
de Madjenini à Magudjuu. Si M. Msaidie n’a pas été aussi directif que
son collègue du gouvernement dans le choix de son candidat à Moroni,
tous deux apparaissent comme les deux possibles seigneurs politiques de
la capitale. Mais qui peut à ce stade prédire les deux futurs gagnants
de ce combat entre faux frères de la Mouvance ?