Pour quoi choisir un bon Président, quand le Soviet Suprême de la Notabilité de Ngazidja peut tout décréter ?

Pour quoi choisir un bon Président, quand le Soviet Suprême de la Notabilité de Ngazidja peut tout décréter ?


(Le conflit Bweni – Vuvuni, la hiérarchie des normes et la rationalisation de l’improvisation.)

Oui, mais en attendant que dites vous de notables (wafomamdji) qui ne se contentent pas de bannir un village de participation aux activités coutumières, mais demandent, très sérieusement au gouvernement, de priver un village d’élections. Les Notables ont banni le village de Vuvuni pour 4 ans. Une délégation doit rencontrer le ministre de l’intérieur pour que les habitants du village soient privés de leur droit de voter lors des prochaines élections. Non, vous n’êtes ni dans l’au-delà, ni dans un cauchemar.

Et vous vous étonnez que des citoyens et des communautés se fassent justice dans ce pays champion de la confusion nourrie par ses élites. L’élite coutumière se veut cour d’assises, tribunal administratif, cour constitutionnelle bref CUJADP (Cour Ultime Juste après Dieu et son Prophète).

Arrive Monsieur le Procureur (Al Watwan de ce 18/02/2019). Il parle en homme de droit: « pas de décision à prendre avant la fin de l’enquête » c’est à dire, ne vous précipitez pas, bannissez tant que vous voulez, occupez vous de vos mariages, mais attendez les conclusions de l’enquête avant d’exiger quoi que ce soit des ministres. Bravo !

Mais voila que M. le Procureur parle médecine légale « Nous avons recommandé des nouveaux examens y compris l’échographie pour déterminer l’origine véritable de sa mort. »
OK on peut suivre le procureur qui remet en cause le constat de l’autopsie, qui a conclu au meurtre. Autopsie ? Oui le procureur le dit. D’ailleurs, seuls le juge d’instruction et le procureur peuvent ordonner une autopsie médico-légale. Autopsie ? Non car il n’ y a pas eu d’examen invasif du cadavre. Au mieux un examen très attentif des lésions cutanées. Il n’y a pas les équipements ni de médecin légiste pour l’autopsie. Souvenez-vous après l’accident du Yemenia, on a fait venir un médecin légiste de Tanzanie qui a emporté des organes et des corps.

Personnellement je doute que les autorités judiciaires aient été saisies et aient ordonné l’examen du corps préalablement à son transfert à El Maarouf. Probablement le corps a été envoyé à l’hôpital, à l’initiative des agents de l’ordre et de la population sans instructions préalables des hautes autorités judiciaires. Autrement on ne comprend pas pourquoi le corps a été examiné rapidement par un jeune médecin sans grande expérience et retourné à la famille dans la même matinée. Le parquet a laissé faire ? Mais pour mettre en cause valablement le constat du médecin, le procureur a t il formellement demandé l’avis d’un spécialiste ou de plusieurs médecins ?

Le procureur nourrit la confusion en demandant l’impossible : « les nouveaux examens, notamment l’échographie ». Qui ira déterrer le corps dans ce pays tropical musulman, où le corps dans son linceul, gît à même le sol et nourrit les vers et autres bestioles, aussitôt enterré ? Avec quoi transporte-t-on un corps en putréfaction ? Pour l’examiner dans quelle salle spécialisée à El Maarouf ?

Echographie ? De quoi ? Un scanner, pour voir les lésions et fractures aurait pu être fait, si, il y avait bien eu de la part de l’autorité judiciaire, une demande d’autopsie, tout au moins d’un examen attentif du corps . S’il y a eu demande d’autopsie, l’autorité judiciaire a été, pour le moins, informée de l’inhumation et ne s’ yest pas opposée. Qu’est ce qui fait que le parquet demande, maintenant, le retour du corps à l’hôpital ?

Connaissez vous un état spécialiste en udjizigamanyation que le nôtre ? Il reconnaîtrait que, bon voila, on n’a pas été bien informé, il y a eu des ratés, on tiendra compte de la leçon et on fera mieux la prochaine fois, il y aurait eu les sarcasmes habituels et on en resterait là. Ndizo mngu yandzao. C’est la volonté de Dieu. Ah oui, les réseaux sociaux auraient passé 2 heures sur le cas , et encore, pas en cette période d’élections où une éruption volcanique passe après les fautes de français d’un candidat. En voulant, rationaliser les improvisations, il nous impose une consommation effrénée de paracétamol et rend politiquement suspectes les initiatives de la justice.

La responsabilité ou la légerté des services de santé dans cette confusion n’est pas négligeable. Y a t-il des procédures à suivre pour un diagnostic post-mortem en cas de décès suspect ?

On ne peut pas se contenter de rigoler. Deux villages dans une région où les conflits coutumiers débouchent souvent en affrontements physiques se considèrent en guerre, ce que notre société ne doit pas tolérer. Les citoyens ont besoin d’un état crédible de par la qualité des services rendus les administrations pour croire à la justice. Il revient aux services concernés de l’état d’établir si un citoyen a été tué délibérément ou s’il est mort naturellement. Cela ne peut être laissé à l’improvisation. Au besoin

Les deux villages ont chacun choisi des avocats pour se défendre en justice. Encourageons les à ne s’affronter que dans les tribunaux en attendant de redevenir amis.

Les magistrats, avocats, médecins et policiers doivent se retrouver très rapidement pour tirer les leçons de ces cafouillages qui minent l’autorité de l’état et poussent les citoyens à vouloir se faire justice.

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