Tribune Libre : COI, 40 Ans de Discours, Zéro intégration ? Les Comores Laissées pour Compte.
Par un citoyen comorien déçu mais lucide
Quarante ans. Quarante ans que les Comores sont membres de la Commission de l’océan Indien. Quarante ans de sommets, de communiqués, de « stratégies régionales »… et pourtant, rien n’a changé pour nous, les Comoriens. Ou plutôt, tout a stagné.
Pour se rendre à La Réunion, Maurice ou les Seychelles — nos « frères » de l’océan Indien — il faut passer par Nairobi ou Addis-Abeba. Incompréhensible, dans une région qui se veut intégrée. Où est donc cette connectivité régionale ? Où sont ces « liens renforcés » dont on nous parle à chaque sommet ?
Commerçons-nous avec ces pays ? À peine. Étudions-nous chez eux ? Très peu. Pourquoi ? Parce que les frais d’inscription sont prohibitifs, les procédures complexes, et surtout, nous ne faisons tout simplement pas partie de leur horizon.
Et que dire de la France, présente dans la COI via La Réunion ? Elle finance, elle oriente, elle décide parfois. Mais peut-on encore parler d’organisation régionale indépendante quand une puissance européenne y tient un rôle aussi déterminant ? Peut-on parler d’égalité entre les membres quand certains ont des budgets proches de ceux d’un continent, et d’autres — comme nous — dépendent de la diaspora pour survivre ?
Ce 5e sommet pourrait être l’occasion de changer de cap. Mais cela ne se fera pas sans courage politique. Il est temps d’arrêter les grands discours. Il est temps de poser les vraies questions : la COI peut-elle être utile aux Comores ? Ou devons-nous chercher ailleurs une forme de coopération plus équitable, plus humaine, plus réelle ?
Le temps des illusions est passé. Nous voulons une COI qui relie, pas une COI qui divise.
Hayba Jumla Digital African Voice From Moroni