Télécoms : le Président Azali refuse de rester aux années 2000

Télécoms : le Président Azali refuse de rester aux années 2000

Ceux qui sont dans les secrets de Beit-Salaam nous assurent que le Président de l’Union a refusé de soumettre l’avenir du pays, et particulièrement de sa jeunesse au bon vouloir de Comores Telecom. Le Président maintient la libéralisation. 2 opérateurs, Comores Telecom et Telco proposeront leurs services aux consommateurs à partir de fin novembre.

Jusqu’ici, personne ne pouvait en être sûr.

Comores Telecom est un état dans l’état. Une société monopoliste, qui se vante de son abondance d’argent cash. Jusqu’à la nomination du nouveau directeur général Omara Mgomri, ses directeurs ne se gênaient pas pour jeter à la figure de leurs interlocuteurs, que la société a pour devoir de financer les besoins en argent frais de l’état et des hautes autorités. En toute illégalité.  L’opérateur national opère en ignorant les lois et la réglementation : pas de licence. Vérifiez. Pas de cahier de charge. Vérifiez. Taxes et redevances non payées. Vérifiez. Interrogez l’Autorité Nationale de Régulation des TICS -ANRTIC, pour laquelle, Comores Telecom, n’a que du dédain.

Comores Telecom, qui, jusqu’ici, a refusé avec mépris de rencontrer son concurrent, va très prochainement parler yeux dans les yeux à Telco sur l’ordre du Président Azali, qui a compris, que la seule manière de sauver l’opérateur national, est de l’obliger à faire face à l’inévitable concurrence et à l’évolution technologique.

1 – Comores Telecom a refusé de discuter de l’interconnexion. Dans tous les pays du monde, les opérateurs, anciens et nouveaux, interconnectent leurs réseaux. L’abonné d’Orange peut ainsi appeler celui de Bouygues, celui de SFR appeler celui de Free. Les opérateurs se partagent ainsi le coût de l’appel. Les opérateurs historiques qui ont le plus d’abonnés, tirent au début un plus grand avantage en se préparant à la concurrence sur le long terme. En refusant Comores Telecom poussait Telco, qui a les moyens, à baisser les prix de la communication à un niveau très bas. Disons à 25 F, l’unité. Le chef de famille et l’employeur hésiteraient peu à fournir aux leurs, les puces Telco, pour communiquer exclusivement sur ce même réseau. Les pertes qu’encourraient Comores Telecom seraient difficiles à compenser. Les jeunes attirés par la 4 G de Telco pour les services internet seraient les plus motivés à émigrer en masse vers le nouvel opérateur.

2 – Poteaux et Pylônes : la plupart des pays encouragent, certains imposent, le partage des poteaux et Pylônes dans un souci environnemental. Les nouveaux opérateurs paient l’usage au propriétaire du pylône. Sur ce point Telco, face au refus de Comores Telcom et pour respecter les délais du cahier de charge, a acheté ou loué des emplacements et fait monter ses pylônes. Un gâchis, pour l’environnement et un petit manque à gagner pour Comores Telecom.

L’autre grande question concerne les choix de raccordement du câble. Nous y reviendrons.

En février, j’écrivais que Comores Telecom, risque la mort, si le gouvernement, ne lui insuffle pas un savoir-faire technique et managérial, capable de faire entrer la société dans l’air de l’internet. Comores-Telecom est resté aux années 2000 où le portable était juste un téléphone de poche, permettant de de se parler en se déplaçant. Aujourd’hui de l’enfant de 12 ans aux arrières grands-parents, la voix prend une place relativement réduite du temps passé avec l’appareil. Le mobile aujourd’hui, c’est la vidéo, les photos, des jeux, les réseaux sociaux, c’est un outil de travail, un auxiliaire de bureautique, un appareil d’éducation, de connaissances et de découverte, un appareil de suivi de santé, un compagnon de randonnée et j’en passe. Comores-Telecom ne s’est jamais associée à un informaticien comorien pour produire une application permettant de connaître la pharmacie de garde, le classement des équipes de foot, les heures de prières, les meilleures écoles ou les distances entre les îles, les résultats des examens.  Comores Telecom est restée un gestionnaire d’équipements qui permettent au Comorien, d’avoir une cabine téléphonique dans la poche.  En 2016, c’est certainement sous-estimer Allah que de croire que c’est sa volonté.

hello

Le nouveau directeur, homme jouissant d’une bonne notoriété et réputé rigoureux, semble concentré à corriger les abus d’une entreprise dont la mission principale ces dernières années, a été, d’abriter les proches et admirateurs des dirigeants dans la journée et servir de coffre-fort occulte au gouvernement au détriment de sa mission de société de télécoms.  Le gouvernement trouve certainement son compte à travers un homme, qui ne craint pas de faire le sale boulot. Il nous reste à voir les orientations qui doivent faire de Comores Telecom, une société apte à vendre des services télécom dignes de ce 21ème siècle.

Comores-Telecom ne doit pas mourir d’obsolescence. Le management et les priorités de Comores-Telecom sont tels que même les techniciens ayant brillamment terminé leurs études, se déqualifient, après quelques années passées dans le mastodonte. Le consommateur comorien a besoin d’un deuxième opérateur. Le gouvernement doit chercher l’expertise d’un opérateur réputé, disposant d’une expérience de pays similaire au notre, pour apporter le savoir-faire technologique et managérial, permettant de concurrencer Telma.

 

Said Mchangama
Président de la Fédération Comorienne des Consommateurs (FCC)

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