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Les Premiers Développements de la Traite Négrière Atlantique

Dans l’histoire africaine, un sujet émerge comme l’un des plus écrits et les plus débattus : la traite négrière atlantique, d’après les propos de Daaku¹, historien africain. Plusieurs centaines d’études et de livres grand public ont été consacrés aux 400 ans de cette traite, laissant une empreinte significative sur l’histoire de l’humanité. Il est aujourd’hui rare de trouver un ouvrage sur l’histoire de l’Afrique, de l’Amérique ou des Antilles, qui ne comporte pas au moins un chapitre sur l’exportation d’esclaves vers le « Nouveau Monde ». Plus de cent ans se sont écoulés depuis le dernier transport d’Africains vers les Amériques, mais les débats sur la traite des esclaves et sa place dans l’histoire mondiale persistent.

En 1441, une expédition portugaise menée par Antão Gonçalves et Nuno Tristão ramena dix captifs d’Afrique en Europe. Certains d’entre eux ont promis des récompenses généreuses à leurs ravisseurs s’ils les ramenaient en Afrique. Gonçalves renvoya les captifs en échange de « dix Noirs, hommes et femmes, de divers pays… » ainsi que de divers biens, y compris « …un peu de poussière d’or »².

Un groupe d’esclaves, accompagné d’une suite magnifique, fut même offert en cadeau au pape Eugène IV. Les autres furent vendus à Lisbonne à des prix extrêmement élevés. Cette première vente lucrative incita les marins portugais à systématiquement ramener des esclaves de chaque expédition en Afrique. Pacheco Pereira mentionna qu’à la fin du XVe siècle, seulement dans les zones côtières englobant le Sénégal et la Sierra Leone, 3 500 esclaves, voire plus, étaient capturés chaque année³. Bien que la capture d’esclaves ne fût pas l’objectif principal des premières expéditions portugaises, la commercialisation des esclaves noirs devint probablement le premier « résultat » rentable de ces coûteuses aventures africaines.

On parle souvent de l’autorisation des dirigeants portugais, notamment du prince Henri, surnommé « le Navigateur », organisateur des expéditions portugaises en Afrique, à l’importation d’Africains sous prétexte de les convertir au christianisme. Même si les esclaves étaient baptisés, cela ne les empêchait pas d’être vendus.

À l’époque, l’Église adopta une position singulière à l’égard des Africains. Le pape Nicolas V publia une bulle accordant au roi du Portugal, Alphonse V, le droit de saisir des terres et d’asservir des païens dans les régions découvertes en Afrique, ainsi que dans celles à découvrir. Le clergé catholique, par exemple au Congo, se compromettait quotidiennement, tout comme l’Église, en participant ouvertement au commerce des esclaves*.

Au début du XVIe siècle, les Espagnols établirent un vaste empire colonial dans les Indes occidentales et en Amérique, en massacrant presque toute la population indienne autochtone pour conquérir de nouveaux territoires. Pour obtenir une main-d’œuvre bon marché, ils commencèrent à acheminer des esclaves africains, déjà reconnus comme travailleurs compétents et habiles en Europe, vers le « Nouveau Monde ». En exportant des Africains en Amérique, les Espagnols ne cherchaient pas à sauver ce qui restait des Indiens, mais plutôt à préserver leurs colonies, dépourvues de main-d’œuvre, pour exploiter les mines et les plantations. En 1510, le premier grand groupe d’esclaves africains, totalisant 250 individus, fut introduit dans les mines d’or d’Hispaniola. Par la suite, le gouvernement espagnol conclut régulièrement des « asientos » avec d’autres pays pour obtenir le droit de vendre des esclaves africains dans les colonies américaines de l’Espagne.

À la fin du XVIe siècle, le Portugal perdit progressivement son monopole en Afrique, et l’Espagne, dans le « Nouveau Monde ». Le développement du capitalisme en Europe stimula une politique coloniale active, avec les Pays-Bas, la Grande-Bretagne et la France amorçant des conquêtes en Amérique, en Asie et en Afrique, érigeant ainsi leurs empires coloniaux. Ces pays, évinçant le Portugal, s’installèrent sur la côte ouest de l’Afrique, y érigeant des forts et établissant des colonies. Dans les Antilles, les Pays-Bas s’emparèrent de Curaçao et d’Aruba ; la Grande-Bretagne, de la Barbade et de la Jamaïque ; la France, de la Guadeloupe, de la Martinique, et à la fin du XVIIe siècle, de Saint-Domingue, etc. Le Brésil, la Guyane, le Surinam, La Nouvelle-Amsterdam (New York) et la Virginie figuraient parmi les colonies émergentes en Amérique à cette époque.

Au milieu du XVIIe siècle, les principales colonies où la main-d’œuvre africaine allait bientôt être employée furent établies. Après l’organisation essentielle dans les colonies, le développement des économies de plantation débuta. L’essor rapide des Antilles et des colonies américaines aurait été inconcevable à cette époque sans le recours massif à une main-d’œuvre bon marché. La fondation de nombreuses compagnies commerciales témoigne de l’énorme intérêt des pays européens pour le commerce avec l’Afrique dans son ensemble, et plus particulièrement pour la traite des esclaves.

Cela marque la fin de la première période de développement de la traite des esclaves. Deux phases distinctes mais formant une continuité, marquent cette période. À suivre.

Arlenis Ali

¹Ranger, T.O (1968) “Emerging Themes of African History, Proceedings of the International Congress of African History helf at University College, Dar es Salaam, October 1965”y

²Azarura (1896-99) The Chromicles of the Discovery and Conquest of Guinea

³Pachado Pereira (1937). Esmeraldo de Situ Orbis. London, Halkuyt Society*Brasio (1955) Monumenta Missionaria, Lisbon, Agencia Geral do Ultramar, Ministerio da Ultramar ; Cuvelier et Jadin (1954). L’Ancien Congo, Brussels, Académie Royale des Sciences Coloniales.

Photo : un champ de tabac dans le compté de Caroline en Virginie. ©Library of Congress.

Au 17e et 18e siècle, avec la forte demande mondiale de tabac, les colons blancs en Amérique du Nord ont vu dans le trafic d’êtres humains une opportunité de profit. La Virginie s’est rapidement imposée comme un gros fournisseur de tabac. En 1681, la Grande-Bretagne avait importé assez de tabac de Virginie pour satisfaire les besoins de toute l’Angleterre pendant cinq ans.

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