De la Péninsule Arabique à Zanzibar: Évolution artistique des Portes Traditionnelles, Entre Sobriété et Ornement .
Au fil des siècles passés, la porte à guichet, également connue sous le nom de « farkhat al bab », était une caractéristique courante des portes sculptées traditionnelles des maisons de la péninsule du Qatar et des régions voisines de la péninsule arabique. Encore aujourd’hui, au Qatar et à Sur, cette sous-porte est utilisée comme un accès quotidien pratique à la propriété, évitant ainsi la manipulation des portes plus imposantes et lourdes. À Sur, on observe souvent des panneaux sans sous-porte, mais agrémentés de moulures ornementales reproduisant les formes distinctives de celles qui décorent les « farkhat al bab » à taille réelle sur les portes plus grandes (voir photo F).
Le sommet central ou la tête du cadre de la « farkhat al bab » est fréquemment décoré d’une variété de motifs distinctifs et de sculptures, semblable à la manière dont les sculpteurs swahilis ornent la tête du montant central. Des similitudes évidentes apparaissent lorsqu’on compare les ornements en guilloché sur les portes du Golfe avec les éléments de conception des portes sculptées aux 17e et 18e siècles à Siyu, dans la région de l’archipel de Lamu¹. Cependant, ces éléments n’ont pas été intégrés au langage visuel du Zanzibar du 19e siècle, probablement en raison d’une préférence pour des portes simples ou pour les bosses décoratives avec leurs connotations protectrices et visuelles.
Généralement, les panneaux de porte eux-mêmes restent simples, non sculptés, mais sont souvent agrémentés sur la face extérieure de rangées de bosses en laiton ou en bronze, de clous de dhow en fer, ou d’autres éléments décoratifs en métal. Sur les portes plus récentes, la quincaillerie métallique est souvent ajoutée à des fins purement décoratives ou protectrices, mais dans les versions plus anciennes, les bosses ont une fonction pratique en fixant ensemble les planches constituant les panneaux. À Zanzibar, une tendance émergente voit certains artisans choisir de décorer non seulement les cadres, mais aussi les panneaux, avec des motifs sculptés complexes en arabesque et en formes florales. C’est un changement par rapport à la préférence classique mentionnée précédemment, où les portes étaient généralement simples et non sculptées. Cette évolution offre souvent un moyen facile de distinguer les installations récemment sculptées des anciens exemples à Zanzibar, illustrant clairement les changements de goûts et de designs au fil du temps.
De nombreux sculpteurs actuels préfèrent néanmoins suivre le style traditionnel en choisissant de ne pas ajouter d’éléments décoratifs aux panneaux. Selon les échanges personnels de la chercheuse Purdy et après sa visite à Stone Town en juillet 2019, où elle a examiné des portes de tous âges avec trois sculpteurs descendants et formés par le maître sculpteur Yahya Juma (Omar Yahya, Fundi Yahya, et Aley), il semble que la tendance actuelle de panneaux richement sculptés émane d’étudiants de l’atelier de sculpture de l’école secondaire technique de Mikunguni à Zanzibar. Au cours de sa visite à l’école en avril 2019, les instructeurs ont montré comment ils formaient les étudiants à reproduire et à combiner une variété d’anciens éléments stylistiques dans leurs sculptures.
Arlenis Ali
¹Allen (1973). Swahili Ornament: A Study of the Decoration of the 18th Century Plasterwork and Carved Doors in the Lamu Region. Art and Archaeology Research Papers 3.
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