Les yeux m’en tombent…sur les grands correoux ou la grande contrefaçon de la rentrée

Mme Echat Soulaimana Mohamed Ahmed, gérante de la librairie « Au Paradis des Livres » est passée me voir, en ma qualité de président de la Fédération Comorienne des Consommateurs. Avec des cahiers.

J’interviens à titre personnel, compte tenu de l’urgence et du caractère inhabituel de l’affaire . Il faudrait une semaine pour réunir le bureau de la FCC alors que ces cahiers sont destinés à des élèves dont la grande majorité rentre le lundi 24.

Regardez bien les photos. Il s’agit de contrefaçon. Les cahiers scolaires originaux sont de la société française Clairefontaine. Sur la couverture il y a la marque »Calligraphe » et la mention « Grands carreaux. Ceux de contrefaçon, fabriqués en Chine, copient fidèlement le design des originaux. Couleurs, motifs etc.. Ultime filouterie, au lieu de « Grands carreaux », ils inventent « Grands cOrreOux ». L’Académie française appréciera ce nouveau mot. Et CalligraphIe au lieu de Calligraphe. C’est beau l’égalité des genres !

La société Clairefontaine fondée depuis plus de cent ans est leader européen des cahiers scolaires. Mme Echat Soulaimana et son beau frère Said Ali Mohamed de la librairie « A la Page » la représentent dans notre pays.

Pourquoi vais je personnellement plaider auprès de mes compagnons de la FCC, pour que les autorités interdisent ces cahiers dans les écoles ?

Notre pays est signataire de plusieurs accords et conventions interdisant la contrefaçon. Les librairies victimes, risquent une perte importante de revenus en cette période de rentrée scolaire, face à cette concurrence illégale. Elles doivent se charger, avec le soutien des organisations professionnelles, de poursuivre les acteurs locaux de cette contrefaçon et d’interdire la vente. Les lois étant très claires, il est probable qu’ils aient gain de cause, bien qu’on ne puisse jamais parier avec notre justice.

Mais même si la justice interdit la vente et punit les commanditaires, il y a lieu d’être sceptique sur l’exécution du jugement. C’est pour ça que je juge important de crier aussi fort que possible pour que non seulement les autorités s’impliquent mais que les chefs d’établissement et les parents d’élèves prennent leur responsabilité.

Ne devrais-je pas en tant que consommateur me féliciter qu’on offre aux familles un produit vraisemblablement moins cher et de qualité apparemment équivalente ?

Avant de répondre je rappelle ici que par 2 fois, ces 4 dernières années, la FCC a eu à combattre des produits de contrefaçon : l’huile de Grignons d’olive dont jusqu’à présent nous ignorons la réelle composition et de la purée de tomate. En l’état nous ne savons rien des conséquences pour ceux qui les ont consommées.

Devons nous nous préoccuper autant pour des cahiers qui, à priori ne devraient pas menacer la santé comme les produits alimentaires. Qu’en savons nous ? Le papier des cahiers scolaires et les agrafes doivent respecter des normes industrielles et sanitaires. Sont elles respectées par ces cahiers qui volent une identité pour se vendre ?
Ces cahiers doivent être utilisés par nos enfants sur les lieux où ils sont supposés apprendre à devenir des citoyens responsables. Que dites vous Mesdames et Messieurs les responsables scolaires, Mesdames et Messieurs les enseignants, chers parents d’élèves, quand 2 élèves côte à côte se disputent après que l’un ait traité les parents de l’autre d’diots pour avoir payé le cahier aux « Grans carreoux » moins cher. Introduire l’illégalité à l’école ?

Ces cahiers ont été fabriqués en Chine à la demande de commanditaires comoriens. Aucune contrefaçon de ces cahiers n’a été signalée dans autre pays. Une sérieuse raison pour un petit pauvre comme le notre de combattre la contrefaçon et de respecter les lois internationales, est que contrairement à ce qu’on croit, ce sont les pays faibles qui sont le plus victimes. Les pays riches vendent de plus en plus de produits de faux produits bio en utilisant des noms d’espèces rares et protégées de pays pauvres. Si on veut protéger notre vanille, un jour nos orchidées ou telle variété d’herbe ou de poisson, respectons les lois. Ceux qui me suivent depuis longtemps, se souviendront qu’au début des années 2000, je m’associais aux paysans et négociants indiens et pakistanais pour protéger la variété de riz Basmati, contre les grandes sociétés américaines qui voulaient s’approprier le nom et le breveter. Certaines d’entre elles vendaient d’autres variétés sous l’appellation Basmati.

Enfin je réagis ici par fidélité à l’entrepreneur qu’était mon père. Dans mon enfance je me souviens, qu’il avait un certain temps, l’exclusivité d’importation d’une marque de farine française et de livres religieux d’un imprimeur de Bombay. Il avait investit pour ces exclusivités. Mme Echat Soulaimana et M. Said Ali Mohamed Ahmed ont certainement du investir pour leur représentation exclusive. Il n’est pars rare que les commerçants honnêtes et bien établis de ce pays soient ruinés parce que des aigrefins bénéficiant de complicités parmi les puissants du moment les concurrencent avec des produits de moindre qualité, sans payer à l’état les patentes et taxes dues, sans investir ni en temps , ni en argent ni en formation. Ils disparaissent une fois leurs protecteurs hors du pouvoir après avoir détruit des décennies de travail et de savoir faire. Les plus grands perdants sont le pays et le consommateur.

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