La mort du Colonel Anrifi a créé une première dans notre pays. Des
expressions de « satisfaction », des remerciements à Dieu pour la mort
d’un être humain ont été exprimés publiquement sur les réseaux sociaux.
Sur la page de HaYba FM, la majorité de la première vague des
commentaires des Amis de HaYba qui ont suivi l’annonce du décès,
demandaient le pardon et le repos de l’âme du défunt. Peu après
apparurent des sarcasmes et des rappels à l’inconduite du défunt .
Certains ont joint la vidéo où le colonel assimilant les opposants à des
terroristes leur promet la mort.
HaYba publie ce billet d’humeur où
l’auteur est « choqué qu’on puisse être choqué » de la satisfaction de
certains à la mort du Colonel Anrifi. L’auteur est un haut
fonctionnaire.
Notre société n’a jamais été aussi divisée.
Le titre est de HaYba.
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« Je suis extrêmement choqué par ceux qui sont choqués par ceux qui se
réjouissent de la mort du Colonel Anrifi. Ceux là même qui ne se sont
pas offensés des menaces de mort proférées par l’intéressé. Ceux là même
qui ont fermé les yeux sur les morts de Gazon, de Faissoil, de Nasser,
de Salim et d’autres. Paix à leurs âmes et que ceux qu’ils ont laissé
retrouvent également la paix dans leurs cœurs ! On dit souvent que le
Comorien à la mémoire courte mais là franchement c’est abusé ! Tout cela
s’est passé en 2019 et nous ne sommes qu’en octobre. Je ne parle même
pas des emprisonnements arbitraires, des tortures avérées, des menaces,
des abus, des violations constantes de nos droits bien au delà du champ
politique et qui n’ont pour résultat que de construire la haine dans nos
cœurs. Chaque jour vient avec son lot de provocations et d’humiliations
et on continue à s’étonner qu’on ne baise pas les pieds de nos
bourreaux! Le Colonel Anrifi est mort – de mort tout à fait naturelle –
et certains s’en sont réjouis. Beaucoup n’en ont rien dit mais n’en
pensaient pas moins. Personne ne devrait se réjouir de la mort d’autrui
mais nous avons un devoir de mémoire vis à vis des victimes innocentes
et malheureusement le Colonel Anrifi était du côté (parfaitement assumé)
des bourreaux. Le Comorien a toujours fait preuve de compassion face à
la mort mais depuis quelques années, on a planté les germes de la haine
dans son cœur. Rien d’étonnant que cette haine éclose, se répande
massivement et fasse franchir des limites qui jusque là n’avaient jamais
été franchies. Tout pousse très vite sur nos îles. Raison pour laquelle
nous devons être extrêmement vigilants sur ce que nous y cultivons. À
force d’improvisations et de mauvais choix de semences, nous allons
finir par exterminer toute espèce vivante sur cette terre et nous
retrouver entre hyènes. Que la mort du Colonel Anrifi serve au moins à
rendre la vue aux aveugles, qu’elle soit entendue comme un signal
d’alarme et qu’on arrête au plus vite la progression de cette plante
rampante qu’est la haine. Avant qu’il ne soit trop tard! »