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Déclin Rural, Expansion Minière: les Coulisses de la Transformation Économique Tanzanienne

Au cours du nouveau millénaire, la Banque mondiale et le FMI ont exercé des pressions politiques en faveur de l’extension de la marchandisation vers la propriété capitaliste, délaissant la tenure coutumière et le contrôle de l’État. Cette orientation, baptisée « LIMP » (libéraliser, marchandiser et privatiser), a incité le gouvernement tanzanien à favoriser les investissements étrangers, en mettant particulièrement l’accent sur les marchés fonciers et les ressources naturelles. Les investissements directs étrangers ont ainsi connu une croissance significative, principalement dirigés vers l’industrie extractive en réponse à la hausse des prix de l’or et d’autres métaux précieux ainsi que des pierres précieuses.

Les politiques foncières de 1995 et la nouvelle loi minière de 2010 ont toutes deux encouragé l’investissement étranger. Cette période a-t-elle exacerbé le déclin de la paysannerie ?

La minéralisation de l’économie tanzanienne a été particulièrement marquée, passant d’une production presque inexistante en 1990 à une domination des exportations minérales à peine deux décennies plus tard. Les premières étapes de cette minéralisation ont ouvert des opportunités à des personnes, principalement des hommes, pour s’engager dans l’exploitation minière artisanale. Aujourd’hui, ces sites miniers artisanaux sont répandus dans la plupart des régions du pays, avec une concentration prédominante le long des contours de la vallée du Rift en Afrique de l’Est, désignée comme le « cercle d’or » de la Tanzanie¹.

À la fin des années 1990, l’adoption d’une nouvelle législation minière semblait offrir une certaine marge de manœuvre au secteur de l’exploitation minière artisanale, tout en facilitant d’importants investissements miniers étrangers². Cela a stimulé les exportations minérales des grandes entreprises d’exploitation aurifère, passant de moins de 1 % des revenus d’exportation à la fin des années 1990 à 50 % en 2005 (Banque mondiale 2006). Cependant, cette législation a affaibli la position des mineurs artisanaux, les laissant en concurrence avec les sociétés minières internationales pour l’accès aux minéraux³.

Le gouvernement a fait face à de vives critiques concernant la gestion de la base de ressources naturelles du pays. Les principales préoccupations portaient sur des plans de relogement injustes pour les agriculteurs, la coercition envers les mineurs artisanaux et les maigres bénéfices nationaux tirés de l’exploitation minière à grande échelle. Les entreprises d’exploration et d’exploitation minière travaillant dans des zones riches en minéraux, où les mineurs artisanaux œuvraient depuis des décennies, étaient accusées de les déplacer. Selon Lange³, leur nombre aurait chuté à 170 000 en 2006, tandis que le gouvernement prétendait que le nombre de mineurs artisanaux dépassait le million.

Depuis 2000, l’impact de l’exploitation minière artisanale sur la paysannerie se manifeste principalement par le détournement de la main-d’œuvre de la production agricole des ménages paysans. Cette activité minière, plus lucrative, attire des hommes ambitieux et généralement jeunes dans les colonies minières, rapidement suivis par les jeunes femmes. Entre 1978 et 1988, la période intercensitaire a révélé que les petites villes de Mwanza, Shinyanga et Mbeya ont connu des taux d’urbanisation plus élevés, attirant des habitants vers ces centres urbains dont la croissance rapide était stimulée par la découverte de minéraux¹. La plupart, bien que pas tous, des mineurs artisanaux tanzaniens sont originaires des zones rurales.

Arlenis Ali

¹Bryceson, D. F. (1993). Liberalizing Tanzania’s food trade: public and private faces of urban marketing policy.²Butler, P. (2004). Tanzania: liberalisation of investment and the mining sector analysis of the content and certain implications of the Tanzania 1998 Mining Act. Regulating mining in Africa: For whose benefit ³Lange, S. (2008). Land tenure and mining in Tanzania. CMI Report, 2008(2).


Photo : Site minier dans le village de Sabora, au nord-ouest de la Tanzanie, 2023. Aujourd’hui, environ 30% des mineurs d’or artisanaux en Tanzanie sont des femmes. ©Kizito Makoye

Dans la même rubrique :•L’Économie Tanzanienne Post-Nyerere: Entre l’Étau du FMI et les Promesses du Néolibéralismehttps://www.facebook.com/share/p/kWVcF5ysrXEnBha5/?mibextid=WC7FNe

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