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Zanzibar et les Comores: Terres de Promesses et d’Opportunités

À mesure que la population de Zanzibar augmentait et devenait plus aisée, la ville s’élevait graduellement en tant que centre d’érudition islamique, marqué par une augmentation significative du nombre de mosquées. Dans le même temps Ngazidja, aux Comores, entrait également dans une période d’importance en tant que foyer d’apprentissage religieux dès le milieu du 19e siècle. Les profits tirés de la traite des esclaves attiraient des érudits sharifs du Hadhramaout, qui y avaient la possibilité de poursuivre des études islamiques avancées. Plusieurs individus formés ont ensuite trouvé du travail à Zanzibar, occupant des rôles de kadis ou de mwallims¹ (enseignants dans les écoles coraniques). Parmi les principales sources de kadis shafiites, l’archipel de Lamu dans le Hadhramaout lui-même semblait également jouer un rôle prépondérant à cette époque. Cette période d’essor éducatif chez les immigrants contrastait avec le niveau d’éducation apparemment moins avancé des autochtones zanzibarites

Parmi les îles Comores, Ndzuwani se démarquait en tant que fournisseur principal des navires européens en route du Cap vers l’Inde, un rôle qu’elle avait assumé depuis le 16e siècle². Ce rôle perdura jusqu’à l’inauguration du canal de Suez en 1869, même face au développement de la Colonie du Cap. Les habitants de Ndzuwani alimentaient également les besoins des Portugais au Mozambique, qui préféraient s’approvisionner sur l’île en raison de sa commodité et de son coût moindre par rapport à leur propre arrière-pays³. Cette situation conduisit de nombreux waNdzuwani (Anjouanais) à acquérir des notions rudimentaires de portugais, d’anglais ou de français au milieu du 19e siècle, ce qui contribua à leur reconnaissance auprès des marchands britanniques*. Cette notoriété des Anjouanais fut d’ailleurs renforcée par une relation de longue date avec la Grande-Bretagne, favorisant l’établissement d’un consul britannique à Ndzuwani en 1848, bien que la raison immédiate fût la prise de possession voisine de Mayotte par la France.

Les années 1840 ont vu l’installation d’une petite communauté européenne composée d’Américains, de Britanniques, de Français et d’Allemands à Zanzibar. Lors de la visite de Burton en 1857, il était devenu courant pour les habitants de Ndzuwani de trouver des postes d’interprètes et d’assistants personnels auprès de ces Européens*. Aussi bien von der Decken que Livingstone, au début des années 1860, eurent recours à des Comoriens en tant que domestiques et interprètes pour leurs voyages à l’intérieur des terres depuis la côte continentale**.

Les habitants de Ngazidja, bien qu’ils ne bénéficiaient probablement pas de l’avantage linguistique initial des waNdzuwani, ont rapidement acquis une certaine maîtrise de l’anglais dans la ville de Zanzibar et ont profité du fait que les Européens ne faisaient aucune distinction entre les waNdzuwani et les waNgazidja, les appelant tous « Comoriens ». Des observateurs tels que Rigby en 1860 ont souligné les qualités des Comoriens en tant que « race active et intelligente, courageuse et laborieuse, excellant en tant que domestiques », tandis que le Bishop Steere a noté que « de nombreux hommes comoriens à Zanzibar étaient parmi les domestiques les plus fiables et diligents »*. Les individus aisés, suivant l’exemple européen ou la confiance accordée par leur sultan, avaient également recours aux services des Comoriens en tant que chefs de personnel ou intendants en charge des esclaves.

Arlenis Ali

¹Shepherd, G. (1980). The Comorians and the East African slave trade. Asian and African systems of slavery.²Grandidier, A., & Grandidier, G. (1903). Collection des ouvrages anciens concernant Madagascar et les îles voisines.³Molet, L. et Sauvaget, A. (1971). Les voyages de Peter Mundy au XVIIe siècle, II. Les Comores, Bulletin de Madagascar. *Coppola, A. R. (2017). Swahili oral traditions and chronicles. In The Swahili world. Routledge.**Simpson, D. (1975). Dark Companions. The African Contribution to the European Exploration of East Africa.***Christie, J. (1876). Cholera Epidemics in East Africa: An Account of the Several Diffusions of the Disease in that Country from 1821 till 1872, with an Outline of the Geography, Ethnology and Trade Connections of the Regions through which the Epidemics Passed. Kessinger Publishing.

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