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Zanzibar Sous Bargash: Des Comoriens dans les Entrailles du Pouvoir

Au cours des années 1870, Zanzibar a vu son destin de plus en plus façonné par l’influence britannique. L’inauguration du canal de Suez en 1869 a rapproché l’île de l’Europe de quelque 3 704 kilomètres. C’est dans ce contexte que le consul Kirk a joué un rôle majeur, encourageant une dépendance croissante envers la Grande-Bretagne chez le successeur de Sayyid Majid, Barghash. Kirk a orchestré la mise en place d’une armée permanente pour le sultan, placée sous le commandement de Sir Lloyd William Mathews, un officier naval britannique. L’objectif était de renforcer le contrôle de Zanzibar sur la côte continentale et de faire respecter le traité abolissant la traite des esclaves¹.

Cette armée, forte d’environ 1 300 hommes, comptait une représentation significative de Comoriens dès ses débuts¹. Ils occupaient quinze postes d’officiers, avec Shaikh Khamis bin Sa’id comme aide de camp personnel pour Mathews, et Ali bin Hasan ainsi que Sharif « Mamboya » comme chefs d’état-major chargés des affaires de la police².

Au sein du service civil très personnalisé du Sultan Barghash, les Comoriens tenaient diverses positions clés. Parmi eux, des clercs assurant les rôles de secrétaires et de traducteurs, comme Matar bin Abdallah, compétent dans plusieurs langues européennes. Il faisait le lien entre les consuls étrangers et le palais. De même, Shaikh Kari ibn al Haj occupait la fonction de Ra’is al Baladiya (chef, gouverneur) de la ville de Zanzibar, agissant en tant que représentant des habitants auprès du Sultan et vice versa. Sharif Mamboya, quant à lui, était également chambellan de la cour et conseiller à la fois pour Barghash et Lloyd Mathews³.

Shaikh Kari jouait un rôle clé dans l’arrivée à Zanzibar de nombreux WaNgazidja pendant le règne de Barghash. À la fin des années 1870, la rivalité entre les deux plus grands sultanats de Ngazidja avait dégénéré en guerre civile. La France soutenait Sa’id Ali, sultan de Bambao, contre son rival Mas Fumu d’Itsandra. Shaikh Kari persuada Sultan Barghash d’envoyer des troupes Nyamwezi en soutien à Msa Fumu, mais en vain. Après un siège de sept mois d’Itsandra, au cours duquel de nombreuses personnes sont mortes de faim, Msa Fumu a été capturé par ses ennemis et étranglé. De nombreux partisans de Msa Fumu ont fui à l’étranger, dont un certain nombre d’aristocrates de Ngazidja, selon un informateur de Heepe en 1912*.


Par ailleurs, la composition des troupes Nyamwezi reste floue selon les informations que j’ai pu rassembler pour cet article. Il se pourrait que « Nyamwezi » ait été un terme générique désignant les Africains du continent, qu’ils soient esclaves ou affranchis, présents à Zanzibar à cette époque. Cette hypothèse découle du témoignage de Hamadi Wadi Bingote, un Yao qui avait été libéré trois ans auparavant par les Britanniques à Zanzibar, en provenance de Kilwa. N’ayant pas trouvé d’emploi à Zanzibar, il s’était enrôlé dans une force armée sous le commandement d’un Comorien nommé Kara Haji. Hamadi a expliqué : « Nous étions principalement des Nyamwezi ». De plus, « certains de mes amis libérés par les Anglais, ainsi que Konop, un ancien enseignant de la mission anglaise, et quelques-uns de ses compagnons, nous ont rejoints ».

Pendant le règne de Barghash, le wali et trois kadis de la ville de Zanzibar étaient comoriens, de même qu’une douzaine de mwallims de la ville de Zanzibar¹. L’Imam de la mosquée du vendredi de Forodhani de la ville était Mansab bin Ali al-Husaini, parent des sultans de Bambao***.

Arlenis Ali

¹Gray, J. M. (1963). Zanzibar and the coastal belt, 1840-1884. History of East Africa.²Mamboya était une ville dans la région d’Ukaguru, située sur la principale route caravanière menant aux lacs. Sharif ‘Mamboya’ a probablement obtenu son surnom lorsqu’une unité de l’armée du Sultan y était stationnée entre 1880 et 1885. (selon Gray, voir note¹)³Guillain, C. (1856). Documents Sur l’Historie, La Géographie, et Le Commerce de La Côte Orientale d’Afrique, 3 vols. Paris: Arthus Bertrand

*Heepe, M. (1920). Die Komorendialekte Ngazidja Nzwani und Mwali: Mit einer Kartentafel.[utvikbar] (Vol. 13). L. Friederichsen & Company.** Edward, A. (2015) Slavery, antislavery, political rivalry and regional networks in East African waters, 1877-1883. https://doi.org/10.4000/afriques.1744***Saleh, I. (1936) A short history of the Comorians in Zanzibar, Dar es Salaam, Tanganyika Standard.

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